Mai 04, 2020
Le minimalisme pour les débutants
Simplicité et sérénité sont les maîtres-mots du minimalisme. Revenons sur les racines de cette philosophie qui est devenue un véritable mode de vie.
Longtemps resté un concept de niche, le minimalisme est passé dans le langage populaire pour désigner une tendance portée sur la conservation du strict nécessaire et du désencombrement. Nous sommes nombreux à avoir envie d’une vie plus simple, et le minimalisme s’en fait parfaitement l’écho. Mais qu’est-ce que ce concept, et d’où vient-il ? De la zénitude bouddhique à la scène artistique new-yorkaise, plongeons ensemble dans les racines du minimalisme.
Les origines d’un mouvement
Avant même que le terme ne soit inventé, un groupe de designers et d’architectes avait adopté, dès la première moitié du XXème siècle, une approche radicalement épurée dans leur travail. C’est en 1947 que le légendaire Mies van der Rohe, le designer de la célèbre chaise Barcelona, proclama que le « moins est le plus » – un rappel qu’une approche épurée pouvait être synonyme d’amélioration.
Ce mantra devint le mot d’ordre d’architectes contemporains comme Frank Lloyd Wright et Le Corbusier. Cette période pré-minimaliste est aussi marquée par l’école de design allemande du Bauhaus dont Mies en fut d’ailleurs le dernier directeur. L’accent porté par le Bauhaus sur la fonctionnalité et la beauté des matériaux industriels donnera naissance au minimalisme.
La naissance d’une philosophie
Comme pour tous les grands mouvements, le sens du terme « minimalisme » est très controversé. Les historiens s’accordent à reconnaître l’influence de certaines mouvances artistiques du New York des années 1960 tel que le mouvement expressionniste abstrait, apparu après la Seconde Guerre mondiale. Largement axé sur la liberté et la spontanéité, des artistes tels que Jackson Pollock et Lee Krasner ont utilisé leurs toiles pour transmettre des émotions et communiquer des idées complexes à grands coups de pinceaux et de couleurs vives.
En réaction à cette approche libre et débridée, un groupe d’artistes new-yorkais commença à expérimenter des méthodes complètement nouvelles. L’émotion, la spontanéité et l’instantanéité firent place à une manière plus harmonieuse d’aborder la création. Les matériaux industriels tels que le métal et le béton devinrent leurs supports de prédilection. L’approche organique et artisanale de la génération précédente fut remplacée par la géométrie et la répétition. Ces artistes basés à Manhattan, tels que Dan Flavin, Donald Judd et Sol Le Witt, se débarrassèrent de l’inutile pour créer un art simple en utilisant le moins de matière possible. Ils sont rapidement devenus connus sous le nom de « minimalistes ».
La maison minimaliste via le Japon
Le minimalisme japonais est la référence en matière d’habitat. Influencé par les doctrines zen et bouddhiste, où l’éveil spirituel ne peut être atteint qu’en abandonnant toutes les distractions qui nous entourent, le concept de « ma » fait référence à une idée d’espace négatif et célèbre la beauté du vide, ainsi que le temps consacré à apprécier l’espace entre chaque chose. Moins vous possédez de choses, et plus vous avez d’espace pour les apprécier.
C’est cette idée qui a fait le succès d’adeptes du minimalisme japonais, comme Marie Kondo ou l’écrivain Fumio Sasaki dont le livre « Au revoir, les choses » est devenu une bible pour tous ceux qui aspirent à ce mode de vie minimaliste. Après avoir vécu des années dans un petit appartement rempli d’objets, Sasaki a décidé, au lendemain de ses 30 ans, de changer sa vie du tout au tout. Il s’est séparé de la plupart de ses biens et a choisi de ne conserver qu’un nombre réduit d’objets, comme un matelas enroulable, un ordinateur portable et une armoire contenant quelques chemises et pantalons quasiment identiques. Ce changement a bouleversé sa façon de voir les choses, en lui faisant enfin apprécier l’essentiel :
« En ayant moins de choses autour de moi, je commence à me sentir chaque jour plus heureux. Je commence lentement à comprendre ce que signifie le bonheur. »
En adoptant cette approche et en l’appliquant à une plus grande échelle, l’architecte anglais John Pawson, le génie créatif derrière le célèbre Musée du Design de Londres, est devenu l’une des figures du minimalisme moderne. Après des études au Japon combinant architecture contemporaine et bouddhisme zen traditionnel, Pawson a développé sa propre version du minimalisme. Rien d’étonnant donc à ce que certaines de ses réalisations les plus célèbres soient des églises et des monastères.
« Je crois que je me suis toujours efforcé de rechercher la clarté, en essayant de créer de l’espace à travers les objets vraiment indispensables. »
Tout aussi inspiré par l’approche esthétique épurée du Japon, Dieter Rams, créateur de produits, évoque souvent ses voyages au pays du soleil levant. « Un bon design, c’est la parcimonie ». Et cette phrase illustre parfaitement sa carrière, que ce soit en tant que créateur de produits utilitaires chez Braun dans les années 1960 ou de meubles modulaires chez Vitsoe. Rams a toujours tout ramené à l’essentiel, en encourageant les consommateurs à acheter «moins, mais mieux.»
Aujourd’hui, le minimalisme est entré dans le vocabulaire de la vie de tous les jours. C’est le concept qui se cache derrière l’iPhone dans notre poche, dans la déco de notre café préféré et dans tous les conseils lifestyle pour mener une vie plus sereine. Sans un bruit, le minimalisme s’est immiscé dans beaucoup d’aspects de notre quotidien, en partie grâce à sa simplicité et son intemporalité.
Il n’est pas toujours facile de savoir comment intégrer le minimalisme dans sa vie quotidienne, surtout si l’on ne souhaite pas appliquer une approche du désencombrement aussi radicale que celle prônée par Fumio Sasaki. Pour aborder le minimalisme, il convient d’abord de changer notre façon de penser l’espace et les objets.
Voici cinq conseils pour vous y aider :
Laissez l’espace respirer
Une fois le désencombrement et le nettoyage effectués, la tentation peut être grande de combler l’espace nouvellement libéré. Après tout, la nature est censée avoir horreur du vide. Souvenez-vous du concept de « ma » : donnez-vous le temps d’apprécier la beauté de l’espace vide.
Qui peut le plus, peut le moins
Se séparer d’une chose dont vous n’avez pas besoin n’est pas nécessairement synonyme de perte. N’oubliez pas que vous êtes gagnant : plus d’espace physique, c’est plus d’espace pour réfléchir et plus d’espace pour vous laisser porter par un sentiment de calme et de sérénité. Ce simple acte de réorganisation peut s’avérer extrêmement gratifiant.
Comprendre la philosophie
La motivation est essentielle lorsqu’on s’engage sur la voie du minimalisme : gardez en tête ce que vous devez faire, et pourquoi vous le faites. Cet article peut être le point de départ vers des recherches sur l’histoire de ce mouvement et sa philosophie.
Les objets sont-ils vraiment synonymes de souvenirs ?
La plupart des objets auxquels nous nous accrochons sont ceux ayant une valeur sentimentale. Bien sûr que cela fait toujours plaisir de retrouver une chose qui vous rappelle de bons souvenirs, mais en conserver beaucoup est aussi le meilleur moyen de vous retrouver avec un espace encombré. Limitez le nombre de ces objets souvenirs, surtout s’ils ne font que prendre la poussière. Si vous avez du mal à leur dire au revoir, prenez-le en photo avant de vous en séparer.
Devenez un client vigilant
Il est essentiel d’apprendre à acheter moins, mais cela ne veut pas forcément dire renoncer au plaisir d’un achat bien réfléchi. N’achetez que lorsque vous en avez besoin et choisissez des articles qui correspondent à votre style de vie plutôt que d’essayer de faire marcher des articles mal adaptés. Cela est vrai pour un meuble personnalisé parfaitement adapté ou pour un livre qui vous fait envie depuis longtemps.